top of page

Échos d'une confrontation : Analyse multi-échelles de la crise entre Cuba et les USA part 2/3





L'Impact de la Crise Cubaine sur l'Amérique Latine et la Réponse Américaine


Cet article vise à explorer les ramifications complexes et profondes de la crise cubaine, qui, loin de se limiter aux frontières de l'île, a eu un impact significatif sur l'ensemble de l'Amérique Latine. Ce phénomène ne peut être pleinement compris sans examiner le contexte plus large de l'interventionnisme américain dans la région, guidé en partie par des principes tels que ceux énoncés dans la Doctrine Monroe, et les efforts de Cuba pour exporter sa révolution communiste. 



La doctrine Monroe comme justification de l’interventionnisme


Pour appréhender pleinement l'ampleur et les répercussions de la crise cubaine en Amérique Latine, il est crucial de revisiter la Doctrine Monroe, un pilier historique de la politique étrangère américaine qui a profondément influencé l'interaction entre les États-Unis, Cuba et le reste du continent. Énoncée en 1823 par le président James Monroe, cette doctrine affirmait que toute tentative des puissances européennes d'intervenir dans les affaires des nations de l'hémisphère occidental serait considérée comme un acte hostile envers les États-Unis. Initialement destinée à protéger les jeunes républiques d'Amérique Latine de l'impérialisme européen, elle a progressivement évolué pour justifier l'influence et parfois l'intervention directe des États-Unis dans la région.


En effet ; au fil du temps, la portée de la Doctrine Monroe s'est étendue bien au-delà de sa mission originelle de protection contre les puissances coloniales européennes. Pendant la Guerre Froide, elle a été interprétée comme un mandat pour contrer l'influence soviétique et le communisme dans l'hémisphère occidental. Cette période a vu les États-Unis s'engager activement dans les affaires politiques de l'Amérique Latine, soutenant des régimes alliés et intervenant contre ceux perçus comme hostiles à leurs intérêts ou inclinant vers le communisme. 



L’exportation de la révolution cubaine


L'effort de Cuba pour exporter sa révolution à travers l'Amérique Latine a été l'une des dynamiques les plus influentes et controversées de la période de la Guerre Froide dans la région. Inspiré par le succès de la révolution cubaine en 1959, le gouvernement de Fidel Castro, avec des figures de proue comme Ernesto "Che" Guevara, s'est engagé dans une mission internationaliste pour soutenir les mouvements de guérilla et les partis politiques de gauche dans toute l'Amérique Latine. En ce sens la seconde déclaration de La Havane présente la lutte armée comme une nécessité et un devoir en Amérique latine. Cette politique visait non seulement à promouvoir l'idéologie marxiste-léniniste mais aussi à contester l'hégémonie des États-Unis dans l'hémisphère occidental, s'inscrivant dans une vision plus large de la lutte contre l'impérialisme.


La stratégie cubaine comprenait le soutien logistique, militaire et financier à divers mouvements insurrectionnels, avec l'espoir de reproduire le succès de la révolution cubaine dans d'autres pays. Cette ambition a trouvé son expression la plus dramatique en Bolivie, où Che Guevara a mené une tentative de guérilla qui s'est soldée par son échec et sa mort en 1967. Cependant, l'influence cubaine a porté ses fruits ailleurs, comme au Nicaragua, où le soutien au Front Sandiniste de Libération Nationale a joué un rôle crucial dans le renversement de la dictature de Somoza en 1979.



La Réponse Américaine aux Révolutions Cubaines en Amérique Latine


La réponse des États-Unis aux guérillas et insurrections fomentées ou soutenues par Cuba en Amérique Latine au cours de la Guerre Froide s'est manifestée à travers une stratégie complexe et multidimensionnelle, visant principalement à endiguer l'expansion de l'influence soviétique et cubaine dans leur sphère d'influence. Percevant ces mouvements révolutionnaires comme une menace à leur sécurité nationale et à leur prédominance régionale, les États-Unis ont adopté une politique de contre-insurrection, comprenant la formation et l'équipement des forces armées locales, le soutien aux régimes autoritaires et la conduite d'opérations clandestines. Des initiatives telles que l'École des Amériques ont été cruciales pour former les militaires latino-américains aux tactiques anti-guérilla, tandis que le soutien politique et militaire à des dictatures militaires, sous le prétexte de barrer la route au communisme, a souvent conduit à la répression et aux violations des droits humains.


Parallèlement, les États-Unis ont mené des opérations secrètes visant à déstabiliser ou à évincer des gouvernements jugés trop proches de Cuba ou adoptant des politiques socialistes, le plus emblématique étant l'échec de l'invasion de la Baie des Cochons en 1961. Cette politique d'intervention a été étendue à des soutiens moins directs mais tout aussi déterminants, comme le financement des Contras au Nicaragua dans les années 1980 ou le coup d'État contre Salvador Allende au Chili en 1973. Ces actions, ciblant la suppression des mouvements de gauche et la prévention de toute expansion du communisme dans l'hémisphère, ont eu des conséquences profondes sur l'Amérique Latine, marquées par des conflits prolongés, une instabilité politique et des périodes sombres de répression.

L'impact de ces politiques sur les sociétés latino-américaines a été immense, entraînant des violations massives des droits humains et violant dans de nombreux cas les fondements de la démocratie. L'approche américaine, bien qu'efficace à court terme pour contrecarrer certains mouvements révolutionnaires, a engendré des critiques internationales pour son soutien à des régimes autoritaires et son indifférence apparente aux principes démocratiques et aux droits fondamentaux. L'héritage de cette période continue de susciter un débat critique, reflétant les dilemmes moraux et les conséquences parfois inattendues de la politique étrangère américaine durant les décennies de confrontation idéologique et géopolitique de la Guerre Froide.














Comments


bottom of page