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Échos d'une confrontation : Analyse multi-échelles de la crise entre Cuba et les USA part 3/3




La crise Cubaine comme écho de la guerre froide


La crise de Cuba représente également un chapitre crucial de la Guerre Froide, illustrant le jeu complexe d'alliances et de tensions qui caractérisait cette période. Le rapprochement de Cuba avec l'Union soviétique et la crise des missiles de 1962 sont emblématiques de cette dynamique, reflétant la manière dont les événements dans cette petite île des Caraïbes ont résonné à travers le globe, exacerbant les rivalités Est-Ouest et mettant à l'épreuve la diplomatie internationale.



Le Cheminement de Cuba vers le Camp Soviétique


Les premières tentatives de rapprochement entre Cuba et l'Union soviétique remontent à la Seconde Guerre mondiale, marquées par l'ouverture d'une ambassade soviétique à La Havane en 1943, qui ferma cependant en 1952 sous l'influence de Batista. Ce n'est qu'avec l'ascension de Fidel Castro en 1959 que la dynamique changea. Motivé par une combinaison de nécessités économiques et de sécurité face à l'hostilité américaine croissante, le gouvernement cubain de Fidel Castro a trouvé dans l'Union Soviétique un allié disposé à fournir le soutien vital dont Cuba avait désespérément besoin. 


À l’époque, l'économie de Cuba reposait presque entièrement sur l'exportation de produits agricoles, principalement le sucre, rendant le pays fortement dépendant des fluctuations des marchés mondiaux et des importations en provenance des États-Unis, son principal partenaire commercial. L'adoption de la loi de Réforme agraire en 1959 par le gouvernement de Fidel Castro a provoqué la réaction des États-Unis, qui envisagèrent des sanctions économiques en représailles. La rencontre significative entre Anastas Mikoyan, premier vice-président du Conseil des ministres soviétique, et Fidel Castro, au cours d'une mission diplomatique orchestrée par l'URSS, a marqué un tournant : le Kremlin a jugé Castro digne de confiance et a décidé de soutenir Cuba "économiquement et politiquement". Cela a mené à un accord commercial en février 1960, par lequel l'URSS s'engageait à acheter du sucre cubain en échange de pétrole, malgré le peu d'intérêt économique direct pour l'URSS. Cet échange a initié une ère de tensions commerciales dans le contexte de la Guerre Froide, débouchant sur une série d'escalades dans les mois qui ont suivi.


Ce partenariat a rapidement dépassé le cadre commercial pour inclure un soutien militaire et sécuritaire significatif de la part de l'URSS, devenant essentiel pour le nouveau régime révolutionnaire, surtout après l'échec cuisant de la tentative d'invasion de la Baie des Cochons en 1961 par des forces soutenues par la CIA, qui a souligné la menace d'une agression militaire américaine imminente. L'alliance a offert à Cuba une protection cruciale contre de telles attaques et a solidifié sa position comme un phare du socialisme dans l'hémisphère occidental, défiant ouvertement les États-Unis.



La Crise des missiles


Octobre 1962 se distingue comme un moment crucial de la Guerre Froide, marquant plus d'un an après que Cuba ait déclaré son alliance, suivant l'échec de l'invasion de la Baie des Cochons. Face à cette détermination cubaine, les États-Unis n'ont pas tardé à élaborer des stratégies pour ébranler le régime en place. Parmi ces stratégies, l'Opération Mangouste, lancée dès novembre 1961, visait à déstabiliser le gouvernement de Castro à travers une série de plans allant du sabotage à l'assassinat.


L'année suivante a vu l'émergence de l'opération Northwood, un plan ambitieux destiné à simuler des attaques cubaines contre des intérêts américains, notamment la base de Guantanamo, pour justifier une invasion militaire. Bien que ce projet ait été rejeté par le président Kennedy, sa découverte par les Soviétiques a précipité la mise en place de la crise des missiles. En réponse à la menace d'invasion, un accord secret entre Cuba et l'URSS, nommé opération Anadyr, a permis le déploiement de plus de 50 000 soldats soviétiques et d'armements lourds sur l'île, établissant ainsi un potentiel conflit direct avec les États-Unis.


La découverte des missiles soviétiques à Cuba le 14 octobre 1962, grâce à des survols d'espionnage américains, a plongé le monde dans une peur palpable d'une confrontation nucléaire. En réponse, le président Kennedy a mis en place un blocus naval strict autour de Cuba, tout en évitant délibérément une escalade militaire directe. Sa fermeté, demandant le retrait des missiles sous peine de voir toute attaque lancée depuis Cuba comme une agression soviétique majeure, a ouvert une période de tension extrême.

La crise s'est finalement apaisée grâce à des négociations secrètes, aboutissant à un accord de désescalade mutuel. L'URSS s'est engagée à retirer ses missiles de Cuba, en échange de l'engagement des États-Unis à ne pas envahir l'île et du retrait discret de leurs missiles Jupiter de Turquie. Cet épisode non seulement a évité une catastrophe majeure mais a également inauguré une ère de communication plus directe entre les superpuissances, symbolisée par la création du "téléphone rouge", destiné à prévenir de futurs malentendus et à réduire les risques de conflit involontaire.




Pour conclure ; La crise cubaine n'est pas seulement un affrontement bilatéral entre les États-Unis et Cuba ; elle représente un écho retentissant de la Guerre Froide, illustrant la complexité des alliances et des tensions de cette époque. L'analyse de cette crise à différentes échelles met en évidence les répercussions géopolitiques qui ont touché non seulement Cuba et les États-Unis mais aussi l'Amérique Latine et le monde entier. Elle souligne l'importance des décisions politiques, des mouvements idéologiques et des interventions étrangères dans la configuration des relations internationales. En définitive, "Échos d'une confrontation" offre une perspective enrichissante sur la manière dont un petit État insulaire a pu devenir l'épicentre de conflits mondiaux, révélant les dynamiques complexes et souvent imprévisibles de la politique globale.



Samuel MERTHELY




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