La première affectation en sortant du quartier des arrivants est une cellule surpeuplée. En maison d’arrêt 1 et 2, pour les courtes peines ou les attentes de procès, le remplissage peut atteindre les 140%. Une cellule est un espace restreint, avec peu d’intimité, en cohabitation avec de parfaits inconnus. Il faut s’habituer au rythme des promenades, aux créneaux de sport, à l’accès à la bibliothèque, aux ateliers de travail ou à la formation scolaire qui sont proposés. Tous les matins, de derrière l’œilleton, on est réveillé par les surveillants dans le cadre de la prévention contre le suicide et pour les risques d’évasion. Si la cohabitation avec les co-détenus se passe bien, on s’installe pour plusieurs mois. Sinon, un changement exceptionnel permet d’obtenir provisoirement une cellule individuelle.
A cette étape de l’incarcération, les choses se mettent en place lentement. Une chose qu’on apprend en prison est que le temps ne se pense pas comme à l’extérieur : il faut s’armer de patience car tout prend un temps infini. Les relations humaines se développent, on repère ceux qui peuvent nous être “utiles”pour rendre l’incarcération moins difficile, ceux qu’il vaut mieux éviter : C’est cela la sociabilisation carcérale.
En prison, il faut toujours faire attention à son comportement. Catalogué, jugé au premier regard, l’image de soi qu’on renvoie va nous suivre aussi durablement que les personnes qu’on fréquente. La réputation est très importante également auprès de l’institution pénitentiaire, car ce sont ses représentants qui accéderont ou non à nos requêtes, nos demandes d’aménagement de peine, selon la façon dont ils nous considèrent. Les addictions engendrent de nouvelles tensions : La plupart des embrouilles sont liées à la consommation de drogue. Racket, mauvaise foi, vols, échanges inéquitables, taxe, agressivité et insultes risquent de finir au mitard. Peut-être la prison offre-t-elle la chance de se désintoxiquer… ce serait déjà une forme de libération !
Amin
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