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Afghanistan 1989-1997 : la guerre après la guerre.





L’Afghanistan est au XIXème siècle déjà menacée par des puissances étrangères. Le Royaume-Uni, alors présent en Inde représente une vraie menace pour le pays, tout comme la Russie, puisque les deux états voient en l’Afghanistan un territoire stratégique pour la conquête de l’Asie centrale. Les conflits se font d’abord plus intenses avec l’Empire britannique et une guerre éclate entre 1839 et 1842. Cependant, le Royaume-Uni reconnaît en premier l’indépendance afghane en 1919, alors que les Russes ne renoncent pas à leur appétit car le pays constitue en plus un accès stratégique à l’Océan Indien.




L’URSS envahit alors l’Afghanistan en 1979. C’est le début d’une guerre qui durera 10 ans. Les Russes profitent en effet de l’arrivée au pouvoir d’un régime politique communiste autoritaire et très contesté dans le pays pour commencer à s’emparer des grandes villes et des principaux axes routiers. Pour combattre l’invasion russe s’organisent des groupes de combattants afghans, les moudjahidines. Ces derniers occupent tous les territoires inoccupés par les Russes, donc toutes les provinces et les campagnes et sont donc beaucoup plus au contact du peuple afghan. Dans un contexte de Guerre froide, ils ont le soutien, financier entre autres, des Etats-Unis mais également de l’Arabie Saoudite via le Pakistan. L’URSS est finalement vaincue en 1989 et quitte le pays par la petite porte.



Le gouvernement communiste afghan reste cependant au pouvoir. S’ouvre alors déjà dans le pays un nouveau conflit, entre Afghans cette fois-ci, pour la conquête du pouvoir : c’est le début de la guerre civile, et la fin de l’unité du peuple afghan en l’absence d’un ennemi commun, car étranger, à combattre.



C’est en avec le départ de l’ennemi russe que le peuple afghan recommence à se diviser. D’une part, les moudjahidines souhaitent faire tomber le régime communiste toujours en place. D’autre part, bien que vainqueurs ensemble face à l’URSS, ils cèdent au conflit ethnique traditionnel dans la région qui oppose les Tadjiks et les Pachtounes. Les Tadjiks sont soutenus par l’Inde et ont à leur tête le commandant Massoud. Les Pachtounes, derrière Gulbuddin Hekmatyar principalement, sont soutenus par la Pakistan, et pour cause : 15 % de la population pakistanaise est Pachtoune, et de surcroît, le Pakistan envisage l’Afghanistan comme une « base arrière » en cas de conflit avec l’Inde. Les combats opposent donc Tadjiks et Pachtounes pour la conquête du pouvoir.



En 1992, le régime communiste est vaincu à Kaboul par le commandant Massoud qui parvient à prendre le contrôle de la ville. En décembre de la même année sont organisées des élections présidentielles à l’issue desquelles Burhanuddin Rabbani, un allié du commandant Massoud, est élu président. Ces élections sont cependant contestées par tous les autres partis et ne signent aucunement la fin du conflit, bien au contraire.



Les affrontements reprennent entre les pro-Massoud et les pro-Hekmatyar aux alentours de la capitale. En réaction, un accord de paix se prépare et est finalement signé en mars 1993 à Islamabad au Pakistan. Comme tentative de réconciliation, un gouvernement de coalition est mis en place en nommant Hekmatyar premier ministre du gouvernement, et le mandat de Rabbani est allongé jusqu’à la mi-1995. Cependant, trop instable, cet accord ne sera pas réellement appliqué puisque le gouvernement de coalition ne s’installera jamais à Kaboul et les combats reprendront. En 1994, Hekmatyar s’allie à MM. Dostom, ouzbek, contre le gouvernement Rabbani.



Dans le même temps, dans le Nord du Pakistan , à proximité de la frontière, des milices recrutent des réfugiés afghans Pachtounes dans des écoles coraniques. Ils créent ainsi le groupe des talibans (signifiant « étudiants en religion »). Armé par le Pakistan, ce groupe prend rapidement en influence et parvient à prendre la ville de Kandahar au sud du pays en 1994. Ils tentent ensuite de prendre Kaboul en 1995, mais l’assaut se solde par un échec. Massoud et Dostom s’allient pour contrer la progression des talibans, cependant ces derniers parviennent finalement à prendre Kaboul en 1996. L’Emirat islamique d’Afghanistan est proclamé en 1997, dirigé depuis Kandahar par Mohammad Omar (« le mollah Omar »). La situation dans le pays se stabilise alors, mais au prix d’une chape de plomb qui s’abat sur le peuple afghan.



Par Fanny DURAND


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