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Août 2019 : quand Donald Trump voulait racheter le Groenland ...




Pour un homme comme Trump, construit dans une culture immobilière, l’idée est logique : les territoires s’achètent et se vendent. La terre danoise est grande comme quatre fois la France. Elle est au cœur d’enjeux stratégiques bien réels entre les Etats Unis, le Canada, la Russie et la Chine. Sa situation géographique dans l’océan Arctique et les ressources sous-marines qui la bordent suscitent l’intérêt. On estime que l’Arctique pourrait contenir jusqu’à 10% des réserves mondiales de pétrole, et 30% des réserves de gaz.




Outre les réserves énergétiques, dominer l’Arctique est également un moyen pour les grandes puissances d’étendre leurs zones économiques exclusives (ZEE). Ces espaces donnent à un État l’exclusivité d’exploitation jusqu’à 200 miles nautiques (360 km) de ses côtes. La pêche, le forage pétrolier ou le contrôle des routes maritimes qui la traversent lui reviennent.




Même si l’océan Arctique n’est pas encore une route maritime très empruntée, la situation pourrait changer. Malgré le danger des icebergs, la fonte des glaces permettrait d’ici 2050 de relier l’Europe à l’Asie par le nord. Ainsi, cela raccourcirait la route qui passe par la mer Méditerranée. C’est dans ce contexte que l’an dernier, l’administration Trump lançait son coup de com’ politico-médiatique. Il annonçait que les États-Unis proposaient de racheter le Groenland au Danemark, comme autrefois ils avaient acheté l’Alaska à la Russie.




Cette déclaration, plus un avertissement qu’une réelle intention, indiquait que la situation pourrait changer. Russes et Chinois ont su profiter de 15 ans de désengagement américain dans la région, éloignant le Groenland de la sphère d’influence américaine, malgré sa position géostratégique. Ainsi, le Pentagone considère de nouveau ce territoire comme la première barrière naturelle de défense de la côte Est des États-Unis contre les puissances voisines. Cette phrase-choc était également un moyen pour Trump de montrer à son électorat qu’il reste le « défenseur de la nation ». Aussi, son « Make America great again » demeure le principe qui l’anime. Entre chantage et intimidation, ce message adressé au monde entier avait pour but d’affirmer que les États-Unis pourraient se donner les moyens de remodeler le Grand Nord selon leurs intérêts et que rien ne s’y déciderait sans eux.

Baptiste Wolf


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