Je suis né en Arménie, mais je ne suis pas arménien, je suis Yézidi. Je fais partie d’une minorité religieuse dispersée. Nous avons notre propre langue, notre religion et notre histoire mais pas notre pays. Nous sommes donc partout dans le monde.
Les Yézidis sont les seuls dans ce monde, qui dans leurs prières demandent la protection de Dieu pour tous les peuples du monde et seulement après pour eux-mêmes. Car la tolérance est l’un des éléments constitutifs les plus importants pour les Yézidis. Mais cela n’est pas réciproque, car le peuple yézidi a vécu 74 génocides depuis plusieurs siècles.
Nous sommes dispersés, car nous n’avons pas de pays, nous sommes partout et nulle part. On est partout, car nous n’avons pas de pays et on peut trouver des yézidis dans chaque coin du monde mais nous sommes nulle part, car on n’a pas de lieu où on peut se regrouper. Notre temple historique se situe en Irak, à Lalish, mais il est devenu dangereux d’y aller car là-bas les yézidis sont persécutés par Daech. Et c’est comme ça dans le monde entier, nous sommes toujours persécutés, car on n’a pas de pays, car on est tous des étrangers dans ce monde et c’était la même chose pour moi et ma famille.
C’est vrai que nous sommes soutenus par le gouvernement arménien et aussi par une majorité des Arméniens. Nous avons nos églises en Arménie et nous nous considérons comme des frères avec certains Arméniens. Cependant, il y avait toujours des personnes qui étaient contre notre présence et c’est devenu de plus en plus compliqué pour moi et ma famille, comme c’est le cas pour d’autres yézidis habitant en Arménie et ailleurs. Enfin, il s’agit aussi d’une guerre en Arménie contre la Turquie et l’Azerbaïdjan sur laquelle le monde ferme les yeux. Des Arméniens se font torturer à cause de cette guerre.
C’est pour toutes ces raisons qu’un jour, j’ai dû quitter mon pays...
Valodya Gharoyan
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