De nombreux phénomènes poussent les soldats à tuer leurs semblables. Tout d’abord, les soldats agissent sous les ordres de leurs supérieurs et veulent faire honneur à leur pays. De plus, leur instinct de survie les incite à tuer plutôt que se faire tuer.
Pour commencer, une étude a montré que la plupart des individus obéissent à l’autorité sans trop de questionnements. En effet, Stanley Milgram a mené une étude dans les années 60 où une figure d’autorité de l’expérience ordonnait aux participants de donner des décharges électriques à des figurants. Ils étaient nombreux à obéir aux ordres, même en voyant les effets sur l’autre personne. L’étude montre qu’ils ne se sentaient pas directement responsables, qu’ils agissaient comme intermédiaires. L’intensité des décharges augmentait petit à petit et elles étaient administrées en cas de mauvaise réponse à des questions données. Une fois que l’individu avait accepté de donner ces décharges, il ne voulait pas changer d’avis et donc désapprouver ce qu’il avait déjà commis. Cependant, ils étaient plusieurs à aider la personne à trouver les bonnes réponses ou à négocier leur rôle. Les soldats se retrouvent dans la même situation face à leurs supérieurs. Ils agissent également au nom de leur pays et ne veulent pas décevoir. Une fois engagés dans l’armée, ils ne peuvent plus vraiment refuser de tuer et pourraient se retrouver radiés.
D’autre part, les soldats sont en danger de mort s’ils ne sont pas les premiers à tirer. Leurs adversaires sont prêts à les tuer, la peur de mourir les pousse à appuyer sur la gâchette. Dans certains cas, cette peur n’était plus présente et les soldats refusaient de tirer. Par exemple, durant la Première Guerre mondiale, une trêve a eu lieu à Noël 1914. Les soldats français et allemands ont fêté Noël ensemble et ont tissé des liens d’amitié. Après cette trêve, ils ne souhaitaient plus s’entretuer les uns les autres. Le fait de connaître personnellement son adversaire rend plus compliqué le crime. En cas de pays voisins, il est fréquent que des familles se retrouvent dans les deux camps. Plus globalement, les populations se sentent appartenir à des cultures très proches, ils parlent souvent des langues très similaires. Il est donc fatalement plus difficile pour les soldats de combattre leurs voisins. Ce fut par exemple le cas de la guerre d’Irlande, les guerres de Yougoslavie et actuellement la guerre d’Ukraine.
Les soldats se retrouvent dans un dilemme moral entre le devoir et l’interdiction de tuer. D’autres facteurs et valeurs deviennent déterminants dans leur choix de tuer. L’instinct de survie des soldats et l’honneur de défendre leur pays prennent le dessus sur les liens avec leurs adversaires. En outre, la propagande menée par leurs dirigeants peut amener les soldats à penser faire le bien en combattant et donc à légitimer leurs crimes.
Eva VINCENT
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