Suite à la guerre en Ukraine, la menace de nouveaux conflits armés au sein de l’Union européenne apparaît de nouveau fortement possible. Les États membres cherchent alors de nouveaux moyens de défense pour s’y préparer. L’alliance Atlantique redevient au devant de la scène internationale alors qu’elle était jugée peu de temps auparavant en état de “mort cérébrale” par le président français. La Finlande et la Suède se tournent alors vers l’OTAN avec une adhésion déjà confirmée pour la Finlande. Beaucoup d’autres Etats décident d’augmenter leur budget militaire comme la Pologne qui souhaite y consacrer 4% de son PIB en 2023 soit probablement le niveau de dépenses militaires le plus élevé parmi les pays de l’OTAN.
Mais dans une perspective d’indépendance militaire venant d’autres puissances étrangères éloignées comme bien évidemment les Etats-Unis, la politique de défense et de sécurité commune (PSDC) se présente comme l’instrument d’un possible renouveau pour l’industrie de la défense européenne et sa stratégie de défense. Avec l’adoption en mars 2022 de la Boussole stratégique, l’Union livre une feuille de route avec des objectifs précis à atteindre d’ici 2030. De plus, elle prévoit la mise en place d’une force européenne de déploiement de 5000 hommes et plus de moyens pour des projets de recherche militaire en commun.
Le char et l'avion de combat du futur, le drone européen de combat et la dimension militaire de la politique spatiale sont mentionnés dans la boussole stratégique.
Hélas, comme souvent, les membres n’arrivent pas à se mettre d’accord sur des projets en commun. C’est le cas de l’Allemagne qui, en opérant un virage brutal en voulant faire de son armée la plus équipée d’Europe, n’a pas œuvré au renforcement de l’autonomie stratégique européenne prônée par la France. Les premiers choix de l’Allemagne en termes d’industrie de défense - notamment l’achat de 35 avions de combat américains ou la volonté d’un projet de bouclier anti-aérien en coopération avec Israël - démontrent clairement qu’elle ne partage pas la même position et porte un coup dur à l’industrie européenne de l’armement. Enfin, les projets d’armements du futur en coopération entre l’Allemagne et la France sont au mieux au point mort, et au pire en très mauvaise posture.
La guerre en Ukraine a ainsi fait évoluer la façon dont les Européens envisagent le rôle de l’UE dans la sécurité internationale, sans pour autant franchir le cap d’un véritable hard power. Même si l’UE ne deviendra pas une puissance militaire en quelques mois, le conflit armé russo – ukrainien a au moins permis de relancer les discussions entre Européens sur la nécessité d’une défense européenne plus substantielle. Pour autant, tout ceci ne semble vraiment pas bien parti et la possible concurrence de la PSDC avec l’OTAN risque de jouer en sa défaveur.
Stuart Benoliel
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