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Les enjeux en Antarctique vont-ils faire plier les traités actuels ?







Bien que la science constitue la préoccupation première des pays présents en Antarctique, ils n'ont cessé d'affirmer leur souveraineté ou d'avancer leurs pions en sourdine sur le territoire. Les bases scientifiques, en particulier, ne sont pas des outils neutres...




Le continent Antarctique compte aujourd’hui 97 bases scientifiques : 78 bases sont en activité, dont 44 ouvertes toute l’année. Les scientifiques étudient avant tout la climatologie et la glaciologie. Le premier enjeu de ces recherches est donc la protection des écosystèmes et l’étude du continent au vu des changements climatiques de notre époque.

Cependant, derrière ces recherches scientifiques se cachent des enjeux économiques et politiques.



Les pays possessionnés ou ceux se réservant le droit d’émettre des revendications territoriales ont mis en avant leurs stations permanentes en Antarctique afin de s’en servir comme base de légitimité. Le plus actif est la Chine. Pékin dispose de quatre bases et une cinquième est en construction. Ses bases sont positionnées sur les points-clés du continent : la péninsule antarctique, la baie de Prydz qui est la porte d’entrée vers le Dôme A, point culminant de l’Antarctique, et la mer de Ross, porte d’entrée vers le pôle Sud, qui abrite la plus grande station américaine et les plus grandes réserves d’hydrocarbures estimées du continent.



Selon le protocole de Madrid, la Chine aurait dû soumettre une étude d’impact environnemental avant d’engager les travaux de construction, or elle ne l’a pas fait. Si, un jour, le traité sur l’Antarctique volait en éclats ou était renégocié, et que le continent se voyait territorialisé selon les revendications nationales, la Chine aurait une voix qui domine. Les autres acteurs importants, la Russie et les États-Unis avant tout, se placent aussi dans cette démarche. Les Russes ont construit 13 bases dans l’ensemble des territoires revendiqués par d’autres pays. Les États-Unis ont aussi voulu être présents sur les zones les plus stratégiques : la Péninsule antarctique, la mer de Ross et le pôle Sud géographique.



Ensuite, un des enjeux économiques serait le contrôle des ressources et particulièrement pétrolières. Les sous-sols du continent regorgent de charbon, pétrole et gaz naturel. Ces ressources éveillent forcément l’intérêt des gouvernements. Le Protocole de Madrid interdit l’exploitation minérale sauf à des fins scientifiques. Par exemple, la Russie a mené une étude sismique durant l’été austral 2019-2020 dans la partie offshore de revendication norvégienne, au large de la terre de la Reine-Maud.



De plus, un autre business est en train d’émerger : la récolte d'icebergs qui se sont détachés de la banquise pour fournir une source d'approvisionnement en eau douce. Un débat est actuellement en cours afin de savoir si le prélèvement d’icebergs est une violation du Protocole de Madrid.



On voit donc que les pays s’impliquent de plus en plus sur l’Antarctique et qu’un certain nombre d’enjeux émergent. Les traités actuels sont-ils encore efficaces et pour combien de temps ? On voit que la Chine a déjà commencé à ne plus suivre un des aspects du Protocole de Madrid. Les pays qui se positionnent stratégiquement sur le continent ont-ils comme objectif de sortir du Traité pour mener des activités militaires offensives ou d'exploitation minérale en Antarctique ?



Par Anne -Sophie LE BAYON



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