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Libye : L’ingérence étrangère







Grand comme trois fois la France avec près de neuf fois moins de population, la Libye, un pays de 1 759 540 kilomètres carré et doté d’importantes ressources pétrolières et gazières est depuis 2011 plongée dans un chao sécuritaire. Ses 7 millions d’habitants reparties sur trois régions sont depuis lors en proie à des violent affrontements entre factions rebelles rivales. La tripolitaine à l’ouest est tenue par le GUN (Gouvernement d’Union Nationale), la Cyrénaïque à l’Est tenue d’une main de fer par l’ANL (Armée de libération Nationale). 



Le début du conflit


Ce qui sera appelé plus tard “la révolution libyenne” par les médias a débuté en 2011 par des contestations du régime du Mouammar Kadafi qui se mutent ensuite en des affrontements armés entre les forces gouvernementales et la rébellion soutenue notamment par l’OTAN. Cette dernière aurait notamment entravé les efforts de dialogue entrepris par l’Union Africaine , il aurait également traqué et livré le colonel Kadhafi froidement lynché par la foule. L’intervention qui mettra le pays à feu et à sang aurait notamment été motivée par la France pour des raisons économique et militaire face à Kadhafi qui avait entrepris de lancer une monnaie africaine adossée à ses importantes réserves d’or. 


La fin de “l’opération Harmattan” s’est accompagnée de la mise en place d’une commission nationale de transition qui n’a pas tenu longtemps marqué par des division internes. Deux guerres civiles plus tard, la Libye est jusqu’à ce jour le théâtre de conflits entre factions rebelles partagées pour la plupart entre le GUN basé à tripoli (reconnu par l’ONU) et l’ANL basé à Benghazi.  Ceux-ci sont entre autres en rivalité pour le contrôle des ressources pétrolifères du pays. La direction générale du trésor de France a publié en 2023 le chiffre d’un rythme de production de 1,2 million de baril par jour, bien plus qu’avant le début du conflit en 2011. 


Si par le passé les Libyens de tout bord pouvaient jouir des revenus pétroliers, il est aujoud’hui difficile d’affirmer que le peuple libyen en bénéficie encore tant les affres de la guerre civil sont immenses. Cependant, le pétrole libyen n’a jamais tari et la plupart des champs exploités, par des multinationales, se trouvent sous le contrôle de factions rebelles. Avec autant de ressources entre les mains d’une poignée de personnes et l’ingérence de puissances étrangères sur le terrain de tension, la guerre est-elle prête de s’arrêter ? 



Les acteurs internationaux actuel dans le conflit libyen


Deux forces majeures s’opposent dans le pays : le GUN dirigé par Fayez El-Sarraj est officiellement reconnu par l’ONU contrairement à l’ANL de Khalifa Haftar. La Libye est aujourd’hui le terrain de jeu de multiples acteurs internationaux qui soutiennent chacun des camps pour des intérêts multiples et parfois antagonistes. Les deux principaux protagonistes locaux comptent nombre de factions rebelles pour alliés.



La tripolitaine et le GUN


Le GUN bénéficie du soutien de la Turquie, de l’Italie, de l’UE et du Qatar. 

Qatar : Le Qatar s’est très vite imposé comme un médiateur auprès des autorités de Tripoli et se présente comme une puissance diplomatique incontournable dans la région. Les Qataris faciliteraient notamment l’écoulement du pétrole libyen sur le marché mondiale.


Turquie : La Turquie s’implique officiellement dans le pays en 2019 par la présence de troupes au sol et un appui matériel assumé. En même temps, la Turquie a signé avec le gouvernement de Tripoli un accord maritime visant à étendre sa zone maritime exclusive en méditerranée accédant ainsi à d’immenses champs gaziers offshore ; ce qui n’est pas du goût de l’Egypte et de ses partenaires européens, notamment la Grèce et l’Italie. 


Italie : Depuis la chute du régime du colonel Kadafi, l’UE subit un afflux massif et sans précédent de migrants sur ses côtes en partance des côtes libyennes. Pour y faire face, l’Italie avec le concours de l’UE finance, forme les garde-côtes et les équipe afin de refreiner les vagues migratoires. Ce qui se ferai au mépris des droits de l’homme et de la dignité humaine. 



La Cyrénaïque l’ANL


On en vient à la Cyrénaïque tenue par le maréchal Haftar dont la dernière offensive sur Tripoli en 2019 s’est vu stopper in extremis par l’entrée en jeu de la Turquie aux côtés du GUN. Il est soutenu par les USA, l’Egypte, les EAU, l’Arabie Saoudite et la Russie.


USA : Khalifa Bel Qasim Haftar est recruté par Les États-Unis, pour mettre sur pied une force hostile au régime Kadhafiste. Ce dernier naturalisé américain en 1990 est un ancien lieutenant de Mouammar Kadafi. Les Américains fournissent essentiellement du renseignement et apportent un soutien logistique direct ou indirect non négligeable. La position de la Libye dans la région est d’une importance géostratégique pour les Américains.


Egypte : L’Egypte partage une frontière longue de centaines de kilomètres avec la Libye et ne souhaite pas voir s’étendre sur son territoire ce conflit. Ce serait dans cette logique que Al Sissi apporte son soutien à l’armée du général Haftar au nom d’une lutte antiterroriste contre les frères musulmans à qui il a repris son pays par un coup de force.


France : En 2011, la France aurait tissé des liens étroits avec des groupes rebelles du sud-Ouest Libyen (notamment au Zintan) dans le but de précipiter la chute de Kadafi. Paris y aurait tenté en 2014 de couper la source de réapprovisionnement des terroristes et de limiter les incursions terroristes au sahel dans le cadre de l’opération Barkhane. Cela aurait nécessité un rapprochement avec l‘ANL. La France jouerait sur un équilibrisme précaire entre son soutien officiel au GUN et son soutien officieux à l’ANL. 


EAU, Arabie Saoudite : Les EAU et l’Arabie Saoudite se tiennent aux côtés de l’armé du général Haftar. Mais ceux-ci y trouveraient l’occasion de régler leurs propres différends par procuration contre le Qatar. Les EAU utiliserait également du matériel militaire acheté à la France sur le sol Libyen contre les forces du gouvernement de Tripoli.


Russie : appuie aux forces de l’ANL par le biais de mercenaires et de soutien matériel.




Le conflit en Libye a depuis causé un recul important de la stabilité dans le pays, dans toute la région sahélienne et a ouvert la porte à des vagues de migration sans précédent dans la méditerranée. Le terrorisme y a trouvé un terrain fertile et avec eux l’essor de trafics de tout genre (humain, armes, drogue etc.).



Chacun des acteurs en présence sur le sol Libyen y ont tous trouvé un gâteau qu’ils ont bien du mal à se partager.  De nombreuses multinationales américaines et européennes y exploitent le pétrole et le gaz avec l’appui sécuritaire des groupes rebelles qu’elles contribuent insidieusement à financer. Si par le passé les Libyens de tout bord pouvaient jouir des revenus pétroliers redistribués à toutes les couches de la société, nul ne peut affirmer aujourd’hui que le renversement du régime Kadhafiste a tenu ses promesses tant les affres de la guerre civil sont immenses. Cependant, le pétrole libyen n’a jamais tari. Avec autant de ressources entre les mains d’une poignée de personnes, la guerre est-elle prête de s’arrêter ? Et ce d’autant plus que les acteurs internationaux présents ne semblent pas vouloir se retirer d’aussitôt tant leurs intérêts sont antagonistes. 



Tous les efforts d’apaisement et de “réunification” entrepris par l’ONU dans le pays ont échoué. Et les intérêts divergents des puissances étrangères, membres de l’ONU, en présence dans le pays ne semblent être propice à un apaisement immédiat. Le conflit libyen actuel est une conséquence désastreuse d’un calcul géopolitique qui a conduit à violer la souveraineté d’un peuple comme l’a regretté l’actuel président français. 



Les évènements pourraient connaître un tournant majeur dans les années à venir. L’ANL jusqu’ici tenue d’une main de fer par Haftar qui prend de l’âge devra de toute évidence se trouver un nouveau chef ou imploser. 


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