Depuis le déclenchement du conflit le 24 février dernier, les seules avancées majeures de la Russie se situent autour de la Mer Noire. La Russie contrôle déjà la quasi-totalité de la mer d’Azov à l’exception de la ville portuaire de Marioupol qui subit depuis plusieurs semaines d’intenses bombardements.
Un intérêt économique majeur
Pour l’Ukraine, les ports sur sa côte sud sont essentiels pour son économie et la perte de ces derniers ports reviendrait à isoler l’Ukraine sur le plan économique. En effet, la grande majorité de ses productions transite par les ports pour être ensuite exportée vers les pays du monde entier. Près de 20 % des exportations ukrainiennes transitent par les ports de Marioupol et Berdiansk et la guerre rend ces ports inaccessibles. Le pays est un des principaux exportateurs mondiaux de céréales, de fer et d’acier. De plus, la mer d’Azov renferme une grande quantité de gaz. Les quatre plus grands gisements gaziers du nord de la Mer Noire se trouvent sur le territoire ukrainien. Depuis le début de l’offensive russe, la Russie revendique désormais le contrôle de toute la mer d’Azov et donc de ses gisements gaziers.
Un enjeu militaire tout aussi important
En 1997, l’Ukraine a signé un accord avec les Russes pour que les navires russes puissent stationner à Sébastopol, ville portuaire au sud-ouest de la Crimée. En échange, l’Ukraine avait le droit à des réductions sur ses importations de pétrole et de gaz. Toutefois, cet accord a été rompu en 2014 avec l’annexion de la Crimée par la Russie. La guerre en Ukraine a donc également des enjeux maritimes forts sur le plan militaire. Le contrôle des territoires ukrainiens bordant la mer d’Azov permettrait donc à la Russie de faire de cette mer une mer intérieure. Elle aurait donc une liberté totale de ses actions militaires dans cette mer. Cette prise de guerre ne serait cependant pas synonyme d’une liberté totale pour la marine russe. La Turquie a en effet annoncé qu’elle bloquait l’accès des navires militaires russes aux détroits du Bosphore et des Dardanelles malgré les bonnes relations diplomatiques entre les deux pays.
Par Mathis DAVID-QUILLOT
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