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SWIFT : La botte secrète des sanctions russes ?





L’annonce a sonné comme un retentissement dans le monde bancaire, certaines des plus grosses banques russes ont été exclues du système de paiement en dollar swift. Pourtant malgré la médiatisation en grandes pompes de cette annonce, peu de gens comprennent réellement ce que cela implique et quelles en seront les conséquences.



Avant toutes choses il convient de bien définir les termes. Swift est le diminutif de « Society for Worldwide Interbank Financial Telecommunication ». Il s’agit d’un système informatique de virements bancaires, utilisés par plus de 10 000 institutions financières et bancaires à travers la globe. Le but premier de cette plateforme est de faciliter et de sécuriser les échanges entre ces institutions financières. En 2021 le volume monétaire des paiements effectués à travers ce système s’élevait à plus de 10 Milliards de Dollars.



Les établissements concernés sont « toutes les banques russes déjà sanctionnées par la communauté internationale, ainsi si nécessaire que d’autres instituts » d’après le porte-parole du gouvernement allemand. Cela représente 70 % du réseau bancaire russe. Pour les banques russes, être coupé de swift aura pour conséquence de les isoler des autres banques à l’international. Il n’existe pas de réel alternative à swift et cela obligera les établissements bancaires à transiter par leurs homologues indiens et chinois pour continuer d’exister à l’international.



Concrètement cela va bloquer la conversion des devises russes en devises étrangères, ce qui aura un impact énorme sur le commerce extérieur. Cela va entraîner un trou dans le budget de l'État à cause de la difficulté accru pour exporter ses biens et cela va compliquer le remboursement de dettes contractées en devises étrangères. De plus, il va être bien plus compliqué d’importer les biens pour lesquels la Russie n’est pas autosuffisante comme des composants électroniques ou encore des automobiles. Le commerce intérieur Russe ne sera pas impacté, les russes pourront toujours retirer leurs sous à la banque et acheter les biens produit localement, mais la chute du cour du rouble ainsi que l’incapacité de se fournir en biens primaires dans de nombreux secteurs conduira inévitablement à une inflation forte qui impactera le niveau de vie de la population.



La Russie a bien tenter de contourner le problème en créant le Système de transfert de messages financiers (SPFS) mais avec seulement 400 institutions bancaires, contre près de 12.000 pour Swift ce système semble inefficient et incapable de compenser l’isolement provoqué par une telle sanctions.



Les États occidentaux ont décidé d’épargner pour l’instant les banques liées au paiement du pétrole et du gaz pour tempérer la hausse du prix des hydrocarbures. Malgré tout l’utilisation de Swift, considérée par certains comme une arme nucléaire, ne sera pas sans conséquences pour nos pays de l’UE. Cela va sanctionner les petites et moyennes entreprises qui génèrent du chiffre d'affaires en travaillant sur le marché russe car cela rendra le remboursement de leurs marchandises très compliqué. Cela peut aboutir à une perte conséquente de ce chiffre d'affaires (jusqu’à 40 % d’après sylvie matelly). Cela va aussi avoir comme conséquence une augmentation du prix des matières premières exportés par la Russie vers l’UE comme le pétrole et le blé. Cela a aussi chamboulé le monde de la finance en déplaçant un certain nombre d’investissements vers le marché obligataire et plus précisément vers les obligations d’état considérées comme plus sûres.



Par Thomas PEQUIGNOT





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