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Une approche de la situation au Yémen part 1/3



 

Le Yémen, deuxième pays le plus peuplé de la péninsule arabique, se trouve enlisé depuis maintenant dix ans dans la pire crise humanitaire au monde d’après les dires de l’ONU. Entre l’éruption d’une guerre civile qui semblait inévitable tant les fractures sont nombreuses au sein du pays, une population en proie à l’insécurité et l’ingérence de pays étrangers qui y voient une scène pour écrire des nouveaux chapitres de leur rivalités, la pays est en proie à une situation dramatique bien que quelque peu ignorée voire négligée d’un point de vue occidental. 


Dans quelle mesure les multiples fractures historiques, religieuses et tribales au Yémen expliquent-elles la situation actuelle de guerre civile, de zones délaissées et convoitées, ainsi que les ingérences internationales dans le pays ? 



Un territoire inégal et des fractures ancrées au sein du pays 


Les séparations et les clivages ont régi l’histoire du Yémen, d’abord séparé en deux pays (la République Arabe du Yémen au nord et la République democratique populaire du Yémen au sud) après le temps des occupations coloniales principalement britanniques. Ce n’est qu’en 1990 que la République unifiée du Yémen a vu le jour, conciliant alors deux pays soumis à deux influences contraires dans le contexte de la Guerre froide. Surtout, le pays présente une diversité géographique et politique qui se traduit par une typologie complexe des territoires. Cette typologie, marquée par des zones délaissées et convoitées, reflète les enjeux économiques, sociaux, et politiques qui façonnent la situation actuelle du pays. 


Le pays présente plusieurs places capitales et convoitées de par leur intérêt économique et géostratégique, ce sont elles qui sont au centre des affrontements entre les différents belligérants (les rebelles houthistes, le pouvoir central, les mouvements séparatistes du sud ou encore Al Qaïda). On peut notamment y compter Al-Hodeïda sur la côte ouest du Yémen où son port est crucial pour l'approvisionnement du pays en denrées alimentaires, en carburant et en aide humanitaire. Le contrôle de ce port permet alors d'avoir un avantage économique et logistique majeur dans le conflit. Une autre zone majeure est la corne du pays, place stratégique cruciale de par son ouverture sur le monde avec la Mer Rouge et la Mer d’Arabie mais aussi le contrôle partagé sur le détroit de Bab-el-Mandeb avec Djibouti. Aden, le centre économique du sud du pays, apparaît alors comme un point vital pour espérer exercer une influence et une autorité dans la région. On peut aussi compter la province de Marib à l’est du pays, une zone riche en produits pétroliers et en gaz, qui représente un enjeu économique important. Et bien sûr, au milieu de tout ca, la capitale Sanaa place forte et symbole du pouvoir politique .


Tous ces espaces contrastent avec des espaces plus reculés au sein du pays en marge des activités politiques et économiques et où les infrastructures et les conditions climatiques propices au développement viennent à manquer. En premier lieu, Sanaa, fief des rebelles houthis, qui se situe au nord du pays, dans une région très montagneuse mais aussi Al-Mahra située à l'extrémité est du Yémen qui est une région peu peuplée et souvent négligée par le gouvernement central. Enfin la région d’Hadramaout qui, bien que plus développée que certaines autres zones délaissées, reste l'une des régions les plus pauvres du Yémen où la population a des relations complexes avec le gouvernement central et est souvent confrontée à des défis économiques et sociaux importants. On parle là de régions beaucoup plus désertiques et davantage marquées par les rivalités propres à la répartition tribale du Yémen, autre marqueur important des fractures propres à la société yéménite, qui y ont fait des espaces ou l’autorité centrale du gouvernement a eu finalement peu d’influence. 



Matthis VERON

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