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Une Turquie à double tranchant




L’Histoire n’a pas oublié la grande puissance qu’était l’Empire Ottoman, les dirigeants turcs aussi. Suite au démantèlement de l’Empire et une ratification partielle du Traité de Sèvres, après la Première Guerre mondiale en 1918, réduit le territoire de l’Empire ottoman en cédant des régions à différents pays européens tel que la Grèce, la France ou encore le Royaume-Uni. Après imputations de ces différentes terres le reste est laissé au sultan turc de l’ancienne Empire Ottoman. Cependant, certains politiques ne sont pas d’accord avec la signature du Traité et c’est ainsi qu’un gouvernement concurrent à celui du Sultan apparaît sous l’initiative de Mustapha Kemal. Dans son élan nationaliste, ce gouvernement va faire chuter celui du Sultan et proclamer la République de Turquie. Dans un même temps, l’état turc récupère l’ensemble du territoire cédé aux Grecs et fait signer un nouveau traité plus avantageux pour eux, celui de Lausanne.


En pleine reconstruction après son changement de gouvernement, la Turquie reste neutre dans le second conflit mondial. Ce sont les ambitions d’expansion de Staline, qui ont mené les Américains à se poser en protecteur de la Turquie, et celle-ci a rejoint le traité de l’Atlantique Nord afin de garantir sa propre sécurité. L’Amérique a choisi de protéger la Turquie aussi, car c’est un pays possédant un emplacement géostratégique très important. En effet, la Turquie possédait des frontières avec l’URSS, et c’est une interface directe avec le Moyen-Orient. L’entente entre la Turquie et l’OTAN s’est détériorée après la tentative de coup d’État en Turquie durant laquelle le président turque Erdogan n’a pas reçu le soutien de ces alliés au contraire le soutient reçu est venu de Vladimir Poutine ce qui a rapproché la Russie et la Turquie qui était déjà en relation, notamment pour des raisons énergétiques. Il est clair que le cas de la Turquie est assez singulier, c’est un pays allié dans le même temps à

l’occident et à la Russie. C’est pourquoi on peut se demander si la stratégie géopolitique Turc, visant à entretenir et à créer des relations avec différentes nations parfois en froid entre elles est-elle viable ?



Une telle stratégie géopolitique peut sembler assez compliquée à tenir et risquer de mener le pays à perdre ses deux alliés à force de miser sur une stratégie de bascule qui consiste à se rapprocher de l’un ou l’autre de ces alliés selon la situation pour mettre la pression sur l’autre allié afin de servir l’intérêt du pays avant tout. Une telle manière de manœuvrer ses relations internationales représente avant tout un atout pour la Turquie qui a toujours un moyen de pression lors de négociation avec l’un ou l’autre de ces partenaires. Comme évoqué précédemment, c’est la position géostratégique du pays qui lui assure le maintien de ces relations avec ses alliés. En effet, la Turquie est à la rencontre entre l’Occident et le Moyen-Orient. En y ajoutant son interface maritime cela en fait un territoire pivot dans la zone. De plus dans la situation actuelle, aucun de ces alliés n’a intérêt à rompre ces liens avec la Turquie.



Pour l’Europe rompre ces liens avec la Turquie, tant que le conflit syrien n’est pas réglé, porterait préjudice aux pays européens et surtout la Grèce. Les flux migratoires venant de Syrie sont, à ce jour, majoritairement absorbés par la Turquie et suite à une éventuelle rupture entre l’Europe et la Turquie, Erdogan déciderait sûrement d’ouvrir les frontières et de laisser s’introduire l’ensemble des migrants en Europe. Cela s’est déjà produit en 2020 pour faire pression sur l’Europe, et cela avait entraîné une situation de crise sans précédent au niveau des frontières grecques sachant que seulement une partie des réfugiés a pu passer. Enfin, pour ce qui est de la Russie, sa volonté d’agrandir son influence dans le Moyen-Orient la pousse à maintenir ces liens avec la Turquie, car elle aussi est dans une dynamique d’accroissement de son influence dans la zone. Un maintien des liens permet aux Russes de profiter de l’influence que possède déjà la Turquie au Moyen-Orient de par la religion musulmane qui la rapproche des pays arabes.



Ayoub BERAMANI

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