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Jodi Nsilu : “Pour que les gens changent d’avis sur les migrants, il faut les convaincre”




Assise sur l’une des tables de pique-nique en bois du collège Rosa Parks à Rennes, Jodi Nsilu, 15 ans, nous présente le discours qu’elle prépare depuis quelques jours. Le 22 mars, Jodi prendra la parole aux Champs Libres pour expliquer le projet d’Initiative citoyenne européenne (ICE) qui est porté par Mediaparks cette année.


L’objectif ? “Cette ICE, c’est pour changer la situation des migrants. Si on aide tout le monde à comprendre, on peut vraiment changer les choses.”



Au début, Jodi est hésitante. Sa petite voix tremble un peu ; elle se reprend et s’excuse plusieurs fois. Mais sa prestation en est à couper le souffle. Au fur et à mesure, cette élève de troisième acquiert une assurance timide : Jodi peut compter sur son texte, qui est clair et percutant.


Pour expliquer la situation des migrants au public du festival “Nos futurs”, Jodi a choisi de convaincre, et non de persuader. Son raisonnement est simple. Selon elle, il suffit de se baser sur les faits, sur la réalité des conditions de vie des personnes exilées, pour faire changer d’avis leurs détracteurs. Et pour cela, Jodi leur oppose un argument imparable : la devise française.


“On parle de l’égalité, de la fraternité, de la liberté. Il y a beaucoup de migrants qui vivent dehors, pas dans de bonnes conditions. C’est un fait, c’est comme ça. Il faut changer ça. Moi je n’en connais pas, de migrants, mais je me suis tout de suite sentie concernée par le sujet des migrants, de voir les gens comme ça. En fait, dehors il fait déjà froid, rien que là je suis dehors et j’ai froid. Je me mets à la place des autres, je pense à eux”, asserte Jodi calmement.


Malgré sa prise de position courageuse et solidaire, cette élève de troisième est encore une adolescente, qui ne comprend pas pourquoi des Français voudraient refuser un toit, de la nourriture ou un travail à des personnes exilées :


“Oui j’ai entendu des gens insulter des migrants, qui disent qu’ils viennent pour occuper du travail et vivre une vie de luxe. Je comprends pas pourquoi ils disent ça, il faut d’abord se mettre à leur place et comprendre vraiment ce qui les a poussés à venir ici. Il faut savoir que ça peut être à cause d’une situation politique, ou parce qu’ils ne pouvaient pas manger. Après on pourra les juger.”


Justement, Jodi Nsilu veut devenir juge : “Plus tard, j’aimerais bien faire du droit et devenir magistrate. J’aime bien donner raison aux gens qui en ont besoin, et dire qu’ils ont tort à ceux qui ont tort. La justice c’est très important.” Jodi est toute petite face à nous, les deux mains posées sur la table, mais elle regarde droit devant elle.


Arrivée au collège Rosa Parks quelques semaines après la rentrée de septembre, Jodi vient du Congo. Elle explique que sa mère a migré “ici”, sans rentrer dans les détails : “il suffit d’arriver dans un autre pays pour être un migrant, en fait”.


La maturité de Jodi est palpable dans cet échange, et transparaît dans ses propositions. Elle a beaucoup d’idées pour mettre en place un meilleur accueil des personnes migrantes en France :


“Je pense qu’on doit construire des bâtiments pour les accueillir. On doit d’abord les aider, puis il faut les laisser travailler pour gagner de l’argent, selon ce qu’ils savent faire, comme ça l’Etat n’est pas obligé de subvenir à leurs besoins plus tard. Il faut juste les aider pour qu’ils prennent soin d’eux-mêmes. Et ça je pense que c’est le devoir de l’Etat, des associations, et de la mairie d’améliorer ça.”



Par Manon FONTAINE




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